Messieurs, gare à votre prostate

Nicolas Maradan

Santé – En Suisse, cinq hommes sur cent mourront d’un cancer de la prostate. Il s’agit du cancer le plus fréquent, avec plus de 6000 nouveaux cas et environ 1400 décès chaque année à l’échelle nationale. Mais il n’est pas le plus meurtrier. En effet, s’il est détecté à un stade précoce, le cancer de la prostate, connu pour demeurer asymptomatique pendant longtemps, présente de bonnes chances de guérison. Raison pour laquelle, chaque année au mois de novembre, un accent particulier est porté sur la prévention.

«Dès l’âge de 45 à 50 ans, l’homme peut aborder la question du dépistage avec son médecin. Surtout, si la personne a des antécédents familiaux, il faudrait commencer au plus tard à l’âge de 45 ans», estime Marc Küng, oncologue et directeur du Centre de la prostate ouvert conjointement par l’Hôpital fribourgeois (HFR) et l’Hôpital Daler.

Premier contrôle possible: la mesure dans le sang du taux de PSA, une protéine produite par la prostate. Cet examen est souvent pratiqué directement par le médecin de famille. «Un taux élevé indique qu’il y a un problème. Cela peut être une obstruction, une infection ou une tumeur», énumère Joseph Eigenmann, urologue et directeur adjoint du centre.

 

Grosse comme une noix

Deuxième étape, le toucher rectal. Grosse comme une noix, la prostate peut en effet être palpée à travers la paroi du rectum. Si elle est trop dure, il faut s’inquiéter. Mais tout diagnostic rendu par ce double contrôle doit encore être confirmé par une biopsie. L’HFR peut également s’appuyer sur la professeure Harriet Thöny, nouvelle cheffe de son Service de radiologie. «C’est l’une des plus grandes spécialistes européennes de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour la prostate. Grâce à elle, nous avons pu réduire le nombre de biopsies inutiles», se réjouit le Dr Eigenmann. La fréquence des contrôles, de six mois à trois ans, dépend des facteurs de risques affichés par chaque patient.

Si la présence de cellules cancéreuses est détectée, trois solutions sont possibles. Si le risque est bas, une surveillance active est recommandée. En cas de risque élevé, on privilégiera l’opération – en l’occurrence une prostatectomie, soit l’ablation de la glande concernée ainsi que des vésicules séminales et ganglions lymphatiques qui l’entourent – ou un traitement par radiothérapie exposant la tumeur à des

rayonnements ionisants. «Les deux options garantissent plus ou moins les mêmes chances de guérison. Il y a néanmoins des nuances au niveau des effets secondaires. L’incontinence urinaire est souvent passagère, et les troubles érectiles sont plus marqués lors d’une opération. Les rayons peuvent parfois endommager des cellules saines de la vessie ou du rectum et, rarement, provoquer par exemple une inflammation», relève le Dr Küng. «Plus le patient est jeune, plus je recommande de choisir l’opération.

Car, après dix ou quinze ans, il est possible que des cellules cancéreuses reviennent. Il est alors facile de les éliminer grâce à la radiothérapie. En revanche, si le traitement commence par une radiothérapie, il est plus difficile ensuite d’opérer ces tissus qui ont été irradiés», continue son confrère.

L’an dernier, 180 nouveaux cas de cancer de la prostate ont été décelés au sein du centre hébergé par l’HFR et le Daler. «Et nous effectuons chaque année 60 à 70 opérations et autant de traitements par radiothérapie», ajoute Marc Küng.

 

«Nous effectuons chaque année 60 à 70 opérations et autant de traitements par radiothérapie»

Marc Küng

En Suisse, cinq hommes sur cent mourront d’un cancer de la prostate.

1400 décès Le nombre d’hommes qui meurent chaque année en Suisse d’un cancer de la prostate

45 ans L’âge à partir duquel des examens réguliers sont conseillés

180 patients Le nombre de patients traités en 2017 au sein du Centre de la prostate

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